C’est une phrase qui revient souvent dans la bouche de celles et ceux qui veulent changer de voie ou se lancer à leur compte. Elle surgit entre deux silences, comme un aveu, parfois même comme une condamnation : « Je ne suis pas comme les autres, alors à quoi bon essayer ? »
Mais que cherche-t-on vraiment quand on parle de « passion » ? Un feu sacré ? Une évidence fulgurante ? Une compétence miraculeusement alignée avec un business rentable ? Et si cette quête nous mettait, en réalité, sur une fausse piste ?
Dans cet article, je t’invite à dépasser ce blocage apparent, à ouvrir une porte plus large que celle de la simple passion. On va parler d’ikigai, cette boussole japonaise qui aide à trouver ce qui donne du sens à nos journées — pas seulement ce qui nous enflamme.
1 – La Passion : une illusion occidentale ?
“Trouve ta passion, et tu ne travailleras jamais un seul jour de ta vie.”
Cette citation est belle… mais elle a brisé plus de vocations qu’elle n’en a fait naître. Elle entretient l’idée que le bonheur professionnel est réservé à une élite éclairée, qui aurait reçu un appel divin. Spoiler alert : ce n’est pas le cas.
La passion est devenue un graal sociétal, un sésame pour réussir, se sentir légitime et rayonner. Mais en réalité, elle repose souvent sur trois malentendus majeurs :
❌ Les 3 grands pièges de la passion
La passion serait innée.
→ Faux. Elle se construit, elle se cultive, elle se découvre parfois par hasard.La passion serait évidente.
→ Faux. Elle est souvent floue, discrète, voire invisible sans action.La passion garantirait la réussite.
→ Faux. Elle peut même aveugler ou épuiser si elle n’est pas ancrée dans une stratégie ou un besoin réel.
💡 Repenser la passion comme un processus (pas un point de départ)
🔄 Et si la passion n’était pas une cause, mais une conséquence ?
Souvent, les personnes passionnées le deviennent après avoir persévéré, exploré, approfondi un sujet. L’enthousiasme vient de la progression, de l’impact, de l’utilité ressentie.
🧭 L’Ikigai : une boussole plutôt qu’un feu sacré
L’ikigai nous vient du Japon, où il désigne « ce pour quoi la vie mérite d’être vécue ». C’est un équilibre entre :
❤️ Ce que tu aimes
🧠 Ce dans quoi tu es doué
🌍 Ce dont le monde a besoin
💰 Ce pour quoi tu peux être payé
👉 Tu n’as pas besoin de cocher les 4 cases immédiatement.
Mais réfléchir à ces 4 axes ouvre une vision plus nuancée, plus réaliste, plus fertile que la simple chasse à la passion.
🔧 Astuces pour sortir du piège de la passion
Remplace « Quelle est ma passion ? » par :
Qu’est-ce qui m’attire, même si je ne me sens pas encore légitime ?
Où suis-je utile, sans m’en rendre compte ?
Qu’est-ce que je pourrais faire 1h de plus sans m’en plaindre ?
Fais des micro-expériences :
Propose ton aide dans un domaine qui t’intrigue.
Prends un café avec quelqu’un qui exerce un métier qui t’inspire.
Lance un projet-test sur un mois, sans pression de résultat.
Évite la comparaison toxique :
Les réseaux sociaux montrent des passions abouties, pas les doutes qui les ont précédées.
Tu compares souvent ton « brouillon intérieur » au « manuscrit publié » des autres.
2 - Explorer son ikigai quand on croit ne rien avoir
« Je ne sais pas ce que j’aime vraiment. »
« Je ne suis bon(ne) dans rien de spécial. »
« Rien ne me passionne assez pour en faire un métier. »Ces pensées-là, elles ne sont pas rares. Elles sont même le point de départ le plus fréquent des personnes en reconversion ou en quête de sens. Et elles ne disent pas la vérité. Elles disent juste que tu regardes au mauvais endroit… ou de la mauvaise manière.
🧠 Première étape : sortir de l’attente, entrer en observation
Au lieu de te forcer à trouver, commence par noter. L’ikigai n’est pas une chasse au trésor, c’est une enquête subtile. Voici quelques angles d’observation concrets :
🔎 Ce que tu aimes (même si tu trouves ça « banal »)
Quelles activités te font perdre la notion du temps ?
Quels sujets de conversation te font vibrer ?
Qu’est-ce que tu fais sans que personne ne te le demande ?
💡 Astuce : tiens un carnet « Curiosité & Énergie » pendant une semaine. Note ce qui te donne de l’élan, même 5 minutes par jour.
💪 Ce dans quoi tu es doué (même sans diplôme)
Qu’est-ce que les autres te demandent souvent ?
Quelles qualités reviennent dans les compliments qu’on te fait ?
Quelles tâches te semblent simples alors qu’elles ne le sont pas pour d’autres ?
💡 Astuce : Demande à 5 proches de confiance : « Quand tu penses à moi, quelles compétences naturelles te viennent en tête ? »
🌍 Ce dont le monde a besoin (et qui te touche)
Qu’est-ce qui t’émeut, te révolte ou te donne envie d’agir ?
À qui aimerais-tu venir en aide, si tu avais du temps libre ?
Quelle cause ou transformation t’inspire profondément ?
💡 Astuce : Explore des podcasts ou interviews sur des parcours engagés. Observe ce qui te donne des frissons.
💰 Ce pour quoi tu peux être payé (même à petite échelle)
As-tu déjà été payé (ou reconnu) pour quelque chose que tu fais naturellement ?
Peux-tu imaginer un service ou un accompagnement autour de ce que tu aimes ?
Y a-t-il un besoin non couvert dans ton entourage ou ton réseau ?
💡 Astuce : Observe les métiers « hybrides », les reconversions inspirantes ou les niches qui se développent.
✨ Le vrai piège ? Attendre la certitude.
L’ikigai ne tombe pas du ciel. Il se révèle en expérimentant, en affinant, en osant être curieux.
« Ton ikigai ne hurle pas. Il murmure. Apprends à l’écouter dans le calme, pas dans la comparaison. »
🔧 Exercices pratiques
Le « Tableau des indices » :
Crée une matrice à 4 colonnes (aimes / doué / utile / rentable) et remplis-la au fil des jours. Pas besoin de tout cocher tout de suite : observe les croisements possibles.Le « journal des mini-kiffs » :
Chaque soir, note 1 chose qui t’a donné de l’énergie. Même minime. En 7 jours, tu verras des patterns.La « conversation miroir » :
Parle de toi à quelqu’un qui t’écoute sans juger. Dis-lui : « Laisse-moi parler librement de ce que j’aime et observe ce qui m’anime. » Souvent, l’autre verra ce que toi tu ne vois pas encore.
3 – Se lancer sans passion… mais avec clarté
“Je ne peux pas me lancer tant que je n’ai pas trouvé ce qui me fait vibrer.”
Et si c’était l’inverse ? Et si c’était en te lançant que tu allais découvrir ce qui t’anime vraiment ?
🔁 Changer de stratégie mentale : passer de la quête à l’expérimentation
Au lieu de chercher la bonne réponse… cherche le prochain pas.
L’ikigai se révèle dans le mouvement, pas dans l’immobilisme.
🧠 Mindshift à adopter :
“Je ne cherche pas un plan parfait. Je teste des pistes imparfaites.”
📍 Tu n’as pas besoin de passion. Tu as besoin de :
✅ Une direction
Même floue, même provisoire.
Pose-toi : “Qu’est-ce que j’ai envie d’essayer, même si je doute que ce soit « ça » ?”
✅ Une boussole intérieure
Demande-toi : “Qu’est-ce qui me fait me sentir utile, vivant, aligné ?”
Rappelle-toi que ton ikigai n’est pas une destination mais un cap évolutif.
✅ Une posture d’apprenti
Accepte de commencer petit, de te tromper, d’apprendre en marchant.
Ce n’est pas un saut dans le vide. C’est une série de petits pas dans le flou.
🛠️ Astuces pour te lancer sans passion (mais avec sens)
Teste ton idée dans la vraie vie :
Un atelier gratuit
Une offre test auprès de ton réseau
Un post LinkedIn pour poser une question, partager un début de réflexion
Structure tes explorations :
Pose-toi une mission de 30 jours : “Pendant un mois, j’explore l’univers de [thème], sans obligation de résultat.”
Note ce qui t’énergise ou te frustre. Ce sont des signaux.
Crée du lien :
Parle de ton chemin à d’autres. Partage tes hésitations, tes essais, tes “non-c’est-pas-ça”.
L’authenticité attire les connexions vraies, et parfois… les opportunités.
🔁 Témoignages silencieux : ils ne cherchaient pas la passion
Beaucoup de reconvertis ne disent pas “j’ai trouvé ma passion”, mais :
“J’ai trouvé un terrain où je me sens utile.”
“Je ne suis pas tombé amoureux du sujet, mais de ce que j’en fais.”
“Je ne savais pas que j’allais aimer. J’ai essayé. Et j’ai aimé.”